Ces derniers soupçonnent en effet la République des mollahs de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que Téhéran a toujours démenti. Cette dernière estime que la communauté internationale doit reconnaître son droit à l'enrichissement d'uranium, ce que certains pays, notamment les États-Unis, n'acceptent pas. L’Iran se déclare prêt à réfléchir à une suspension de l'enrichissement d'uranium, à une réduction du nombre de centrifugeuses et à la signature d'un protocole supplémentaire sur des garanties avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en échange de la levée des sanctions bancaires et pétrolières.
Cette réunion de Genève s’est malheureusement soldée par un échec, l'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique, désignant la France comme en étant le responsable numéro un.
Paris a-t-elle donc fait capoter, par son intransigeance, la plus belle chance de paix dans le Golfe persique ? La délégation hexagonale s’en défend, en précisant que « [elle] veut éviter l'euphorie du verre à moitié plein ». Selon Renaud Girard, grand reporter au Figaro, « C’est à raison que Paris s’inquiète de l’importance du stock d’uranium enrichi à 20% détenu par l’Iran. Avec un tel stock, les médecins iraniens pourraient soigner tout le Moyen Orient pendant des siècles… Il est plus facile de passer d’un enrichissement de 20% (qualité médicale) à un enrichissement à 90% (qualité militaire), que de 0 à 5% (niveau d’enrichissement des barres de combustibles glissées dans les réacteurs des centrales de production). Il n’est pas déraisonnable de demander à l’Iran de dégrader à 5% une grande partie de son uranium enrichi à 20%. »
La France a assurément marqué sa fermeté. Toutefois, l'insistance du chef de la diplomatie hexagonale, Laurent Fabius, à demander un engagement plus fort de l'Iran sur certains volets de son programme nucléaire a commencé à être nettement critiquée par les autres négociateurs occidentaux et par Téhéran, dans les dernières heures des pourparlers. D’aucuns ont même sous-entendu que Paris se comportait en valet idéologique d’Israël et en vassal économique des pétromonarchies arabes sunnites du Golfe.
Une chose est sûre, les Israéliens jugent inadmissible un compromis qui permettrait à Téhéran de poursuivre ses travaux d'enrichissement d'uranium après l'assouplissement des sanctions internationales. De fait, l’État hébreux exige l'arrêt complet de la production de combustible nucléaire et le démontage des installations d'enrichissement iraniennes. « [Téhéran] est soumis à une pression économique importante et celui qui l'exerce a un avantage. Nous pouvons conclure un bon accord qui garantirait la destruction du potentiel militaire nucléaire iranien », a souligné le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
Les négociations reprennent le 20 novembre à Genève. À cette occasion, François Hollande a confirmé que Paris « ne céderait pas sur la prolifération nucléaire » et que les sanctions seraient maintenues tant que l'Iran n'aurait pas renoncé à son programme militaire. Washington a d’ailleurs décidé de prolonger de douze mois le régime de sanctions appliqué à l'Iran. Selon le ministre israélien des Affaires stratégiques Youval Steinitz, ce dernier coûterait cent milliards de dollars par an à l'économie iranienne.