Le tandem États-Unis – France a, en tout cas, bien du mal à masquer son indécision face à la fermeté de la position russe, et les preuves d'utilisation d'armes chimiques par le régime peinent à convaincre. En attendant, la situation évolue sur le terrain, notamment autour de Damas. Samedi, les combats commencés vendredi soir ont repris entre l'armée et les insurgés pour le contrôle de la ville millénaire de Maaloula. Dimanche matin, Maaloula est tombée entre les mains des rebelles. Les combats nocturnes ont fait 17 morts et plus de 100 blessés parmi les rebelles et des dizaines de morts et de blessés dans les rangs des forces gouvernementales et leurs supplétifs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Maaloula est sans doute le dernier lieu au monde où l'on trouve encore des locuteurs de l'araméen, la langue de Jésus Christ. C'est en quelque sorte la Syrie éternelle, jusque-là grande victime de la guerre civile, avec de nombreux monuments historiques endommagés ou détruits. Si les rebelles devaient s'y fixer, nul doute que l'armée n'hésitera pas à bombarder le site, quitte à endommager les fresques de sainte Thècle qui datent, pour certaines, du IVe siècle...
Et puis Maaloula abrite une population à majorité grecque-catholique melkite et compte environ 30% de sunnites. Les chrétiens, perçus comme des soutiens du régime partout dans le pays, seront-ils menacés par les troupes rebelles qui ont pris la ville et qui comptent dans leurs rangs des membres de la milice salafiste Jabhat al-Nosra ? Jusqu'à présent, seule la communauté alaouite, dont est issu Bashar al-Assad, a eu à subir des persécutions, les chrétiens étant relativement épargnés. On peut s'interroger sur l'impact diplomatique qu'auraient des agressions contre les chrétiens, alors que le vote du Congrès américain sur les frappes américaines ne devrait pas avoir lieu avant la fin de la semaine, et que les opinions occidentales ne se montrent pas particulièrement favorables aux forces rebelles.
Surtout, Maaloula était l’un des derniers verrous à faire sauter autour de Damas. Perchée sur la route de Homs, la prise de la ville pourrait empêcher à terme le ravitaillement de Damas par la route du Nord. Déjà présents à l'est, au sud et à l'ouest de la ville, les rebelles sont aujourd'hui en situation d'encercler la capitale syrienne.
Ce qui se passe actuellement à Maaloula pourrait bien décider de la suite des événements dans la guerre civile syrienne, tant sur le plan militaire que diplomatique.
Syrie : La palabre et les armes
John Kerry, soigneusement poussé en première ligne sur le dossier syrien, se félicitait encore samedi 8 septembre 2013 de l'accord a minima obtenu lors du G20, avant de rencontrer dimanche les dirigeants de la Ligue arabe. Alors que la situation presse sur le terrain, Laurent Fabius, quant à lui, trouvait des motifs d'espoir dans l'adhésion de « 7 des 8 pays du G8 à notre analyse sur une réaction forte ».
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