Ce sentiment est dû, en partie, au fait que personne n'imagine sérieusement une réduction des dépenses militaires : quel politicien serait en effet suffisamment courageux, ou inconscient, pour refuser aux soldats ce dont ils pourraient avoir besoin au combat ? De plus, l'industrie de défense et aérospatiale emploie environ un million de salariés. Or, la suppression d'emplois serait particulièrement mal perçue à l'horizon d'une échéance électorale majeure.
Les chefs d'entreprise fondent tous leurs espoirs sur des stratégies très précises. Quelles que soient les difficultés actuellement rencontrées, leurs sociétés se porteront bien grâce à la combinaison de trois facteurs : développement de produits de pointe, hausse des ventes hors des États-Unis et pénétration sur des segments à forte croissance. Les marchés internationaux sont attractifs, des pays comme l'Inde et l'Arabie Saoudite augmentant sensiblement leurs dépenses militaires. Par ailleurs, les contrats à l'export ont tendance à offrir de meilleures marges.
Il convient toutefois de nuancer cet optimisme béat, des responsables américains s'attendant par exemple à une baisse des exportations, de 60 milliards de dollars en 2012 à 30 milliards dans les années à venir. De plus, l'export ne représente qu'une petite partie du total des ventes des entreprises implantées outre-Atlantique. Un groupe comme Raytheon, spécialisé dans la défense anti-missile, ne réalise ainsi qu'un quart de ses 25 milliards de dollars de chiffre d'affaires à l'étranger. Et une hypothétique croissance de 10 pour cent ne lui permettrait d'engranger que 625 millions de dollars supplémentaires.
Les segments à forte croissance ne sont pas épargnés par ces problèmes. Les États-Unis dépensent annuellement environ 50 milliards de dollars dans l'aéronautique et 22 milliards dans la construction navale. En revanche, à peine 11 milliards sont investis dans la cybersécurité, un secteur pourtant considéré comme porteur. Au final, la réduction des coûts devrait contribuer à limiter l'impact de la baisse – prévisible – des recettes pour les entreprises de défense.